Publié le 27 mai 2025
En mai 2025, Ethereum a connu un fort rebond porté par la mise à jour Pectra, le retour de l’activité DeFi et un regain d’intérêt institutionnel. Le cours a bondi de 43 % en 3 jours, brisant sa tendance baissière face au BTC. Si les fondamentaux sont renforcés, un point de vigilance subsiste : la montée en puissance des L2 réduit l’activité sur la L1, limitant le burn et entraînant une hausse de l’inflation nette (+0,8 %/an). Pour les investisseurs long terme, l’ETH reste une conviction, mais la rareté du token dépend désormais de l’évolution structurelle de son usage.
Après un début d’année en demi-teinte, le marché a fortement rebondi au printemps 2025, entraîné par un regain d’optimisme global. Bitcoin a dépassé de nouveaux sommets symboliques, tandis qu’Ethereum – qui était resté en retrait durant de longs mois – a opéré un rattrapage spectaculaire. Le cours d’ETH a bondi de ~43 % en seulement 3 jours, porté par un retour du sentiment « risk-on » sur l’ensemble du marché crypto.
Cette explosion de l’ETH trouve ses racines dans une conjonction de facteurs, au premier rang desquels la réussite de la mise à jour Pectra du réseau Ethereum, combinée à la résurgence de l’activité DeFi et à des catalyseurs macro/institutionnels favorables. Nous revenons dans cette newsletter sur les causes principales de la flambée d’Ethereum en mai 2025, avant de conclure sur les perspectives à moyen terme.
Le catalyseur initial de la montée d’ETH en mai a été sans conteste la mise à niveau Pectra, déployée sur le réseau principal Ethereum début mai 2025. Considérée comme la plus importante évolution du protocole depuis la transition Proof-of-Stake de 2022 (« The Merge »), Pectra a apporté une série d’innovations majeures saluées par les investisseurs.
En premier lieu, l’EIP-7702 a introduit les comptes intelligents (ou smart accounts) en permettant aux wallets externes (EOA) d’exécuter du code lors d’une transaction. Concrètement, cela ouvre la voie à des fonctionnalités avancées comme la sponsorisation des frais de gas, la récupération sociale de wallets ou le batching de transactions sans déployer de contrat dédié. Cette avancée en matière d’account abstraction – intégrée au cœur du protocole Ethereum – améliore sensiblement l’expérience utilisateur, en visant à rendre les interactions plus simples et accessibles au grand public.
Ensuite, Pectra a considérablement assoupli le staking sur Ethereum, un point crucial pour attirer davantage d’acteurs institutionnels. Grâce à l’EIP-7251, la limite de mise par validateur a été relevée de 32 ETH à 2048 ETH. Autrement dit, un opérateur peut stocker jusqu’à 2048 ETH sur un même nœud valideur, contre 32 ETH auparavant, au-delà desquels il devait créer plusieurs validateurs distincts. Cette modification améliore l’efficacité du réseau en réduisant le nombre de validateurs nécessaires pour des gros montants stakés, et elle facilite la vie des stakers institutionnels ou mutualisés (pools) en leur permettant de gérer des dépôts plus importants de façon plus flexible.
Enfin, la mise à jour Pectra s’est focalisée sur la scalabilité du réseau, notamment pour soutenir la montée en charge des solutions de couche 2. L’EIP-7691 a doublé la capacité de données “blob” par bloc : passant de 3 blobs cibles à 6, et de 6 blobs max à 9. En d’autres termes, Ethereum peut maintenant transporter deux fois plus de données de rollups par bloc, ce qui abaisse les coûts de transaction sur des protocoles comme Optimism, Arbitrum ou zkSync et améliore l’expérience utilisateur sur ces solutions.
Pectra a été accueilli très positivement par la communauté et le marché. La réussite de cette upgrade a renforcé la confiance dans la feuille de route d’Ethereum, démontrant la capacité du réseau à innover sur des points-clés (UX, staking, scalabilité). Les effets ont été immédiats sur le prix : dans les heures suivant l’activation, l’ETH a connu un sursaut notable, avec +8% en 24h.
Si Pectra a créé l’étincelle initiale, la poursuite de la hausse d’Ethereum en mai 2025 s’explique par une confluence d’autres facteurs catalyseurs sur les plans sectoriel et macroéconomique.
Rebond de l’activité DeFi
L’écosystème de la finance décentralisée sur Ethereum a connu un regain spectaculaire ce mois-ci, après une longue période de stagnation. Les principaux protocoles DeFi voient affluer les capitaux, signe d’un retour de la confiance et de l’appétit pour le yield on-chain. En particulier, la plateforme de prêt Aave, pilier du secteur, a vu sa valeur totale bloquée (TVL) s’envoler pour atteindre environ 41 milliards de dollars, contre 25Mds$ au plus bas en début d’année. Fait notable, les dépôts sur Aave sont largement utilisés : plus de 16 Mds$ de prêts sont actuellement en cours sur la plateforme, soit 40% de son TVL – un taux d’utilisation élevé qui reflète une forte demande de leverage et de services de crédit on-chain.
Du côté des échanges décentralisés (DEX), la tendance est également à la forte reprise. Le nombre d’utilisateurs actifs quotidiens sur les DEX Ethereum a bondi d’environ 73% ce mois-ci, passant de ~37’000 début mai à plus de 64’000 actuellement. Cette envolée de la fréquentation suggère un retour des traders particuliers sur les plateformes décentralisées, possiblement attirés par la hausse des cours et les opportunités sur les altcoins. Fait intéressant, les volumes échangés sur ces DEX n’ont pas augmenté dans les mêmes proportions, restant globalement autour de 15 milliards $ par mois sur Ethereum. Ce décalage indique que l’afflux de nouveaux utilisateurs effectue des trades de plus petite taille en moyenne, un comportement typique des petits porteurs. Cela confirme l’hypothèse d’un retour progressif du retail sur le marché crypto, souvent en précurseur des phases haussières plus larges.
Intérêt de BlackRock et perspective institutionnelle
Parallèlement à ces dynamiques internes, le narratif institutionnel autour d’Ethereum s’est renforcé en mai. Un événement particulièrement suivi a été les rumeurs concernant BlackRock, le plus grand gestionnaire d’actifs mondial, et son intérêt pour l’ETH. Des informations de marché ont suggéré que BlackRock envisage d’offrir du staking d’Ethereum au sein de futurs produits d’investissement (ETF ou fonds dédiés), ce qui a enflammé les anticipations des investisseurs. En effet, BlackRock avait déjà lancé en 2024 un ETF spot Bitcoin, contribuant à légitimer le BTC aux yeux de Wall Street. La perspective qu’un produit similaire sur Ethereum intègre la possibilité de staker les ETH détenus a été perçue comme un signal extrêmement positif. Un ETF Ethereum avec option de staking offrirait potentiellement un rendement additionnel aux investisseurs traditionnels, rendant l’ETH encore plus attrayant comparé au Bitcoin (qui n’a pas de mécanisme de staking natif).
Malgré le regain d’activité observé en mai, Ethereum reste aujourd’hui dans une dynamique inflationniste. Selon les données de ultrasound.money, le réseau émet plus d’ETH qu’il n’en détruit : sur les 30 derniers jours, environ 95’000 ETH ont été créés via le staking, tandis que seulement 7500 ETH ont été brûlés via les frais de base, soit un solde net de +87’500 ETH sur la période.
En effet, la montée en puissance des solutions de couche 2 (L2), bien qu’elle améliore considérablement l’efficacité globale du réseau Ethereum, entraîne aussi une baisse d’activité sur la couche 1 (L1). Or, ce sont principalement les transactions sur la L1 qui déclenchent le mécanisme de burn via l’EIP-1559. Moins d’activité sur la L1 signifie donc moins de tokens détruits, tandis que l’émission liée au staking, elle, reste constante.
Ce déséquilibre structurel entraîne une hausse progressive de l’inflation nette du token, désormais estimée autour de +0,8% par an. En d’autres termes, plus Ethereum devient scalable grâce aux L2, plus la pression inflationniste s’accentue. Cela remet en cause, au moins temporairement, l’idée d’un ETH structurellement déflationniste, et souligne que la rareté du token dépend désormais du niveau d’activité sur la L1, de plus en plus concurrencée.
Pour que la thèse « ultrasound money » redevienne pleinement valide, il faudra donc soit une hausse soutenue de l’activité on-chain, soit une réduction de l’émission liée au staking, par exemple via une mise à jour future du protocole. En attendant, les investisseurs doivent surveiller cette métrique avec attention, car elle conditionne en partie le caractère rare – et donc potentiellement précieux – de l’ETH à long terme.
Plusieurs scénarios se dessinent pour les prochains mois. Le scénario privilégié par une majorité d’analystes est celui d’une consolidation saine à court terme : après une hausse rapide, Ethereum pourrait osciller dans une fourchette latérale (entre 2 500 $ et 3 000 $) afin de digérer ses gains récents. Cela offrirait des points d’entrée aux investisseurs restés en marge du rallye de mai, tout en permettant aux indicateurs techniques de se stabiliser.
Un scénario haussier prolongé reste toutefois envisageable si de nouveaux catalyseurs venaient soutenir la dynamique : une annonce officielle de BlackRock concernant un ETF Ethereum intégrant du staking, une régulation favorable aux États-Unis ou en Europe, ou encore une poursuite de la croissance de la DeFi pourraient accélérer le mouvement vers de nouveaux sommets.
Pour les investisseurs long terme, certains points devront faire l’objet d’une vigilance particulière. Le calendrier technique d’Ethereum, avec l’upgrade Fusaka prévu pour 2026, pourrait apporter de nouvelles améliorations structurantes. Mais surtout, l’offre d’ETH, toujours inflationniste (environ +0,8% par an), devra être suivie de près. Contrairement au narratif très répandu de l’ETH « ultrasound money », le burn actuel ne compense plus totalement les émissions liées au staking. Ce retour à une inflation structurelle n’est pas problématique en soi, mais il rappelle que la rareté d’Ethereum dépend directement du niveau d’activité du réseau. Si celle-ci se maintient ou s’accélère, la pression sur l’offre pourrait à nouveau s’inverser.
Ethereum entame donc la seconde moitié de 2025 avec un momentum solide, mais une dynamique monétaire qui appelle à la nuance. Pour les investisseurs long terme, l’ETH reste une conviction forte, à condition de surveiller activement les indicateurs fondamentaux (activité on-chain, TVL, burn, régulation) et de rester agile face à la volatilité.
Dynastie Crypto conserve un optimisme constructif sur la trajectoire d’Ethereum, sans céder à l’euphorie.
Les informations fournies dans cette newsletter le sont à titre éducatif et informatif. Elles ne constituent pas un conseil en investissement. Les cryptomonnaies sont des actifs volatils et risqués : n’investissez que des sommes que vous êtes prêt à perdre. Faites toujours vos propres recherches (DYOR) avant de prendre une décision d’investissement. L’auteur et l’éditeur de cette newsletter ne peuvent être tenus responsables des pertes financières éventuelles liées à l’utilisation de ces informations.
Édité par Vauban Editions SA